Takashi Murakami’s Universe (part 2) - artetrama

L'univers de Takashi Murakami (partie 2)

, 6 min temps de lecture

Kaikai et Kiki : Icônes, symbolisme et racines culturelles

Introduction à Kaikai & Kiki

Ceux qui connaissent déjà l'art de Takashi Murakami savent peut-être que Kaikai & Kiki est le nom de l'atelier de cet artiste. C’est là que Murakami crée ses œuvres et promeut de nombreux autres artistes.

Origine des noms

Racines historiques et linguistiques

Le nom de ces deux personnages a une origine unique : le mot « kaikaikiki ». Ce terme était utilisé à la fin du XVIe siècle pour décrire les œuvres de l’artiste japonais Kano Eitoku, dont on disait que ses peintures étaient très puissantes tout en étant chargées de sensibilité.

Dans le livre « Murakami Ego » écrit par Skira Rizzoli, on peut lire deux significations différentes de cette expression que l’on retrouve à la fois en chinois et en japonais. En japonais, « kaikaikiki » est un adjectif qui décrit quelque chose de dérangeant, étrange et pouvant provoquer peur et incertitude. Cependant, en chinois, « kaikaikiki » sert à mettre en avant le courage, la puissance et une sensibilité extrême du sujet.

Qui sont Kaikai et Kiki ?

Mais Kaikai et Kiki sont bien plus qu’une simple marque. Ces deux personnages, généralement montrés ensemble, ont été créés presque par hasard et sont aujourd’hui deux des plus grandes icônes de cet artiste japonais.

Description visuelle

Kaikai est probablement un enfant en costume de lapin blanc. Kiki porte une tenue rose, trois yeux et quelques crocs. En réalité, si l’on sait lire le japonais, c’est assez clair, car chacun a son nom écrit sur les oreilles !

Takashi Murakami Kaikai et Kiki
Kaikai (gauche) et Kiki (droite) : personnages emblématiques de l’atelier de Murakami

Symbolisme et références culturelles

La vérité est que la principale raison pour laquelle Takashi Murakami a donné ces noms aux deux créatures était simplement qu’ils sonnaient bien. Néanmoins, on comprend qu’il y a un symbolisme derrière eux qui n’est pas si aléatoire.

Yin & Yang, Jekyll & Hyde

Kaikai et Kiki sont généralement vus ensemble car ils se complètent mutuellement. Comme Jekyll et Hyde, yin et yang ou l’alpha et l’oméga, ces deux personnages sont souvent représentés d’une manière particulière : Kaikai se trouve à gauche avec la bouche fermée, tandis que Kiki est à droite avec la bouche ouverte.

Influence du Shinto et des Komainu

Dans les sanctuaires shinto (le shintoïsme est la religion autochtone du Japon), il est assez courant de trouver deux figures de lions-chiens appelées komainu protégeant les entrées. Ces créatures komainu sont directement liées aux lions karajishi d’origine chinoise que l’on trouve devant les temples bouddhistes, et dont nous avons déjà parlé dans notre article « Takashi Murakami : La légende des karajishi ». Ces komainu vont toujours par paires : l’un a la bouche ouverte, représentant la première lettre de l’alphabet japonais « ah », et l’autre la bouche fermée, prononçant la dernière lettre « un ». Ces sons représentent le début et la fin de la création, de la vie et de la mort, thèmes également récurrents dans les œuvres de l’artiste.

Komainu dans un sanctuaire shinto Statue de lion karajishi chinois
Komainu dans un sanctuaire shinto (gauche)  |  Statue de lion karajishi chinois (droite)

Rôles contemporains et significations

Aujourd’hui, Kaikai et Kiki sont les propres « dieux de l’art » de Takashi Murakami, et il poursuit une recherche constante de beauté à travers eux. Kaikai et Kiki, qui n’ont pas toujours les connotations religieuses et culturelles mentionnées plus haut, acquièrent différents rôles qui rapprochent le public de l’artiste. Kaikai est doux et innocent ; Kiki, lui, est sauvage et espiègle. Il est logique de penser que ces deux créatures représentent la conscience de Murakami dans beaucoup de ses œuvres. Cela étant dit, il faut prêter une attention particulière à leur attitude, disposition et nombre dans chaque image où ils apparaissent. Comme nous pouvons le constater, une fois de plus, les personnages de Takashi Murakami ont un sens bien au-delà de ce que l’on peut percevoir au premier regard.

Traits de caractère

  • Kaikai : Doux, innocent, contemplatif (bouche fermée)
  • Kiki : Sauvage, espiègle, expressif (bouche ouverte)

Autres personnages récurrents dans l’univers de Murakami

Miss Ko2

Une des figures les plus provocantes de Murakami, Miss Ko2 est apparue pour la première fois en 1997. Avec des jambes imposantes, des proportions exagérées et un uniforme de serveuse stylisé, elle satirise à la fois les fantasmes sexuels de la sous-culture otaku et les perceptions occidentales de la féminité japonaise. Son nom — dérivé du mot japonais ko (enfant, jeune femme ou geisha) — évoque également la connotation explosive du superoxyde de potassium, soulignant son rôle dual d’icône séduisante et de critique culturelle.

Mr. Pointy (Tongari-kun)

Mr. Pointy fusionne l’iconographie bouddhiste et animiste avec des formes cartoon lumineuses. Arborant une tête en forme de lance et réalisé en fibre de verre, il évoque à la fois les gardiens traditionnels des sanctuaires et des centres de communication futuristes. Murakami a décrit la flèche de Mr. Pointy comme un « centre de communication avec l’espace » reflétant la fascination de l’artiste pour la technologie, l’histoire et la transcendance spirituelle.

Oval Buddha

Inspiré par une sculpture de Bouddha du Xe siècle, le Oval Buddha (2007–08) mêle motifs classiques du lotus avec une figure de style anime. Vu de face, Oval apparaît serein et contemple l’illumination ; vu de dos, son sourire béant révèle une dualité ludique et troublante. Ce personnage quasi religieux souligne l’exploration par Murakami de la tradition face à la culture pop.

Pom

Le chien bien-aimé de Murakami, Pom, apparaît souvent dans des photographies et des œuvres peintes comme le personnage le plus « enraciné » de l’artiste. Contrairement à ses créations fantastiques, Pom apporte une touche autobiographique, rappelant aux spectateurs les liens personnels qui nourrissent l’univers vibrant et hors norme de Murakami.

Jellyfish Eyes

Dans le film d’animation et les œuvres ultérieures intitulés Jellyfish Eyes, Murakami représente des créatures flottantes semblables à des méduses, inspirées du folklore japonais hyakume. Ces êtres lumineux et semi-transparents explorent des thèmes d’innocence et de fragilité environnementale, ajoutant une couche supplémentaire de résonance émotionnelle à l’esthétique Superflat.

Explorer davantage

Découvrez L’univers de Takashi Murakami (partie 1) si vous ne l’avez pas encore fait !

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